Terrain

Saisons

Déception, joie, tristesse et confiance. Au cours de ma carrière, j’ai vécu énormément d’émotions d’une saison à l’autre. C’est pourquoi je vous propose de revenir en détails, sur ces années, qui m’ont permis d’évoluer, et de devenir le footballeur que je suis désormais.

Lille

Saison 2004/2005

Ma première saison restera quoi qu’il arrive un souvenir particulier . D’autant plus que mon arrivée chez les pros s’est faite de manière inattendue. Pascal Plancque, l’entraineur de la réserve de Lille, m’appelle un vendredi matin au mois de novembre. Son appel me réveille. Il me dit : « Viens chercher tes affaires au Stadium, aujourd’hui tu t’entraines avec les pros à Luchin ». Les joueurs ayant joué la veille en Coupe d’Europe, je pensais rejoindre l’équipe première pour faire le nombre à l’entrainement. Pas du tout. Au moment de composer l’équipe de titulaires pour le match de dimanche, Claude Puel évoque mon nom. Je prends donc conscience que je vais jouer mon premier match avec les pros, face à Istres, ville d’où est originaire ma femme. Pour ce premier match, tout s’est bien passé. Nous avons gagné et personnellement j’ai réalisé une bonne partie. Après cette rencontre, je n’ai plus quitté le groupe. Nous avons réalisé un très bon championnat en terminant deuxième et directement qualifiés pour la Ligue des Champions. Après avoir intégré le LOSC à 13 ans, ma carrière et mon rêve débutent donc à 19 ans. Un bilan très positif donc, qui s’est terminé par une victoire au championnat d’Europe des -19 avec l’équipe de France. Soulever un trophée pour sa première saison pro, après avoir marqué le but vainqueur en demi - finale a été une grande sensation. Ce titre m’a permis de clore la saison en beauté et d’être surmotivé pour la saison à venir.

Saison 2005/2006

Confirmer au plus haut niveau est la chose la plus difficile pour un footballeur. Mais grâce à Claude Puel, un entraineur qui m’a très bien encadré, en me faisant jouer régulièrement sans griller les étapes, les choses se sont bien passées. A l’image de ma première saison, tout est allé très vite. Cette année a vraiment été la saison des premières. J’ai découvert la Ligue des Champions, avec les meilleures équipes d’Europe, son excitation et sa concentration si particulières et évidemment, ce fameux match face à Manchester United. Dans un stade de France plein à craquer, avec une belle ambiance et la victoire à la clé, cette rencontre a vraiment marqué les esprits à Lille. Durant cette saison, j’ai aussi marqué mon premier but. C’était quelque chose que j’attendais avec impatience. Contre Auxerre, sur un ballon piqué de Mathieu Bodmer, je marque d’une reprise de volée qui lobe le gardien... Quand le ballon est rentré, je n’ai pas trop réalisé ce qu’il se passait. Une fois que j’ai réalisé que le but était bien validé, j’ai été le premier surpris. Malgré la défaite, ce match restera un excellent souvenir. En revanche, quelques jours plus tard en Coupe de France face à St Étienne, j’ai pris mon premier carton rouge. Un mauvais souvenir, puisque je prends deux cartons jaunes en moins de 10 minutes, après deux fautes consécutives. Cette exclusion sera le seul point noir de la saison. Sur le plan collectif, nous finissons 3e, qualifiés pour le tour préliminaire de la Ligue des Champions. Personnellement, je suis ressorti grandi, en ayant franchi plusieurs caps. Tout est allé très vite, et j’ai pu continuer mon apprentissage.

Saison 2006/2007

Pour cette troisième saison, le bilan s’est révélé mitigé. Si d’un point de vue personnel, j’ai réussi de bonnes choses, collectivement nous n’avons pas su confirmer notre potentiel en finissant 10e. Mon souvenir principal restera mon premier but à Villeneuve d’Ascq contre Bordeaux. Comme à chaque match à domicile, toute ma famille était présente. Marquer un but à la maison (qui plus est sur coup franc, un exercice que j’affectionne) fut une sensation encore plus particulière que lors de mon premier but, d’autant plus que cette fois ci, nous avons gagné 3-0. Quand on est un enfant de la région, marquer à domicile reste quelque chose de très émouvant.
L’autre satisfaction de cette saison fut ma première sélection en équipe de France Espoir. Si je côtoyais déjà la sélection nationale depuis les moins de 16 ans, jouer en catégorie espoir montrait vraiment une progression et la possibilité de réaliser quelque chose de grand. J’ai pris conscience que l’étape suivante, c’était les A, le summum pour tout joueur de football. Cette saison a aussi été marquée par ma première blessure. Pour la première fois de ma carrière, je me suis gravement blessé à la cheville à la mi-mars. Ma saison s’est donc interrompue brusquement. Malgré cela, je n’ai pas trop douté sur mon avenir, ce qui m’a permis de poursuivre ma progression.

Saison 2007/2008

De cette année je retiendrai la présence de Patrick Kluivert dans l’effectif. Jouer avec lui, c’était quelque chose. Quand j’étais jeune, il gagnait déjà des titres. C’est quelqu’un qui a marqué le football de son époque, un Monsieur. Pouvoir jouer et s’entrainer avec lui au quotidien a vraiment été une aide précieuse. Au delà du joueur, c’était aussi une personne de très grande qualité, dotée d’un grand professionnalisme, qui nous conseillait tout le temps. Sur le plan sportif, c’était vraiment une bonne saison, où j’ai marqué beaucoup de buts, avec notamment mon premier doublé contre Caen. On avait pourtant mal débuté le championnat en ne gagnant que très peu de matches, au point même d’être relégables. Mais on a bien retourné la situation en terminant le championnat à la 7e place. L’arrivée de Rio Mavuba, et les débuts d’Eden Hazard ont beaucoup aidé l’équipe. Cela laissait aussi de belles perspectives pour la saison à venir.

Saison 2008/2009

Après le départ de Claude Puel pour Lyon, Rudi Garcia est arrivé à la tête de l’équipe. Et pour sa première année, j’ai réalisé ma plus mauvaise saison en professionnel. J’espérais beaucoup de cette saison, notamment un départ de Lille, car plusieurs clubs s’intéressaient à moi, notamment Bordeaux. Malheureusement rien ne s’est passé, ce qui m’a beaucoup déçu. Mentalement, je n’étais pas au top, et je n’ai pas confirmé sur le terrain. Mais avec le recul, je suis content d’en être passé par là, car cela m’a énormément servi. Je pense qu’il faut vivre des saisons ce genre pour progresser. Avec ce passage à vide, je me suis rendu compte que rien n’était acquis. C’est d’ailleurs pour ça que je me suis remis au travail pour m’en sortir.
En terminant 5e, l’équipe s’est de nouveau qualifiée pour la Coupe d’Europe. J’ai pu retrouver de nouvelles ambitions, même si je pensais toujours à un départ dans un coin de ma tête.

Saison 2009/2010

Le début de saison a été la copie conforme de la saison dernière. Nous avons mal débuté le championnat et d’un point de vue personnel, plusieurs clubs se sont renseignés à mon sujet, sans pour autant proposer quelque chose de concret. Mais avec les expériences de la saison passée, j’ai réussi à mieux gérer ce faux départ. Sur le terrain, collectivement, nous avons su nous reprendre en offrant un jeu rapide, fluide et offensif pour recoller au classement. Cette saison restera tout de même mitigée. Nous ne nous sommes pas qualifiés pour la Ligue des Champions, qui était pourtant un objectif important. Notre dernier match face à Lorient me restera en travers de la gorge pendant de longs mois à cause d’un pénalty important raté, qui aurait pu nous emmener en Champion’s League.
Mais c’est aussi ça le football, beaucoup de travail pour parfois pas grand chose. J’ai donc continué mon apprentissage du haut niveau. Cette grande déception à la fois collective et personnelle nous a servi de leçon pour la suite, avec l’envie de se rattraper auprès de nos supporters et de prouver à tout le monde que l’on pouvait faire quelque chose de grand. D’autant plus qu’après ce match, j’ai connu ma première sélection en équipe de France durant l’été. Quand j’ai appris ma convocation, je suis passé par plusieurs sentiments à la fois. D’abord de la fierté, pour le fait d’être appelé en équipe nationale. Puis aussi le stress. Savoir si j’ai le niveau, si je mérite d’être là. Il faut répondre présent, essayer de bien faire les choses, on est regardé par beaucoup de monde. Au départ, je ne savais pas que j’allais jouer ce match. C’est le préparateur physique qui m’a dit d’aller m’échauffer. Ensuite Laurent Blanc m’a appelé et je suis rentré. Je me suis juste efforcé à jouer juste et à ne pas perdre le ballon. Malheureusement, mes débuts avec les Bleus ont commencé par une défaite.
Paradoxalement, j’ai ressenti un grand soulagement après le match car j’étais heureux d’avoir connu ma première sélection. Avec cette première cape, l’envie de revenir dans le groupe France de perdurer et jouer au maximum sont devenus de nouveaux objectifs. Cela m’a obligé à élever mon niveau.

Saison 2010/2011

C’est la meilleure saison que j’ai pu réaliser à Lille. Aussi bien en terme de résultats que de performances. Dès le début, l’équipe était en place. On était sur notre dynamique de la saison passée. On gagne beaucoup de matches jusqu’à la trêve où on est champion de d’automne. A ce moment là on se dit que si l’équipe ne sombre pas, on peut se battre pour aller gagner le championnat. On arrive à garder cette première place, notamment contre Marseille où je pense qu’on fait un gros match. Dans nos têtes on a la confiance pour garder notre place de leader. Ce qu’on réussit à faire tout en restant compétitifs sur les autres tableaux. Quelques temps après, on joue la finale de la Coupe de France. C’est le premier grand rendez vous de ma carrière, un événement que je n’ai pas manqué, heureusement. Et vu le dénouement de la partie, c’était vraiment top. Puis une semaine plus tard de nouveau contre Paris, on remporte le championnat, plus de 50 ans après le dernier titre du club. Ce sont des moments qu’on n’oublie pas dans une carrière. Comme on se le dit souvent avec Eden, Rio et Aurélien Chedjou, on restera à jamais gravés dans l’histoire du club. On parlera toujours de l’équipe de 2011. On a vraiment fait quelque chose d’énorme pour le club, la région et les supporters. Je suis fier d’avoir fait partie de cette aventure, parce que je suis un enfant de la région. En quelques sortes, avec Mathieu Debuchy et Stéphane Dumont, on a réussi à gagner le championnat avec notre équipe. Je garde également en mémoire mon dernier match au Stadium.
La veille du match face à Rennes, j’avais annoncé à l’équipe que je partirai après la rencontre. Ce n’était vraiment pas facile à vivre, ne serait ce que la dernière mise au vert, la dernière nuit à l’hôtel avec toute l’équipe, et mes potes sur le terrain. Comme à mes débuts, tout est allé très vite. Je pense que les supporters savaient que j’allais quitter le club et ils me l’ont fait sentir en étant au top, notamment quand j’ai fait le tour de terrain avec ma fille dans mes bras. C’était quelque chose de vraiment émouvant. Je ne remercierai jamais assez le LOSC pour toutes ces belles années.

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